Les marchés agricoles de nouveau tournés vers la Chine
Rumeurs et réalités des achats chinois de soja aux États-Unis ont de nouveau gouverné les marchés agricoles, à Chicago mais aussi sur Euronext, globalement en légère hausse sur une semaine.
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« On digère les rumeurs d'achat chinois de soja, et c'est ça qui crée de la volatilité et un peu de fermeté sur les prix notamment sur les marchés américains. Par effet d'entraînement, cela aide un petit peu le marché européen à se tenir », résume Gautier Le Molgat, PDG d'Argus Media France.
Selon la Maison Blanche, Pékin a accepté d'acquérir au moins 12 millions de tonnes de soja américain sur les deux derniers mois de 2025, puis 25 millions par an, dans le cadre du règlement du conflit commercial entre les deux géants.
Dans l'immédiat, environ 1,5 million de tonnes ont été vendues, dont près de 800 000 puis 330 000 confirmées lundi et mercredi par le ministère américain de l'agriculture (USDA).
À Chicago, blé, soja et maïs ont fini en hausse sur une semaine, malgré un recul après la sortie vendredi des très attendues prévisions mensuelles de l'USDA sur l'offre et la demande agricoles.
« 800 000 t de soja vendues sur les 12 Mt annoncées d'ici la fin de l'année »
Ce rapport Wasde, sorti après un hiatus d'un mois et demi lié à la paralysie budgétaire du pays, prévoit notamment une abondante récolte américaine de maïs et revoit à la baisse les perspectives d'exportation de soja en dépit de l'accord sino-américain, de quoi affecter temporairement le cours des deux graines.
Pour Dewey Strickler, analyste pour Ag Watch Market Advisors, la vente des quelque 800 000 tonnes de soja « est bien inférieure » aux 12 millions annoncés d'ici la fin de l'année : « il s'agit probablement davantage d'un geste de sympathie qu'autre chose » de la part de la Chine.
Selon lui, « la Chine ne fera probablement pas grand chose tant qu'elle n'aura pas vu comment la Cour suprême se prononce sur la légalité des droits de douane imposés par l'administration Trump », et, de la même manière, « le marché restera dans l'expectative jusqu'à ce que (la Cour) rende sa décision ».
La Cour suprême examine actuellement la légalité des surtaxes, imposées à de nombreux pays par le président Donald Trump alors que ce sujet relève de la compétence du Congrès.
Stabilité européenne
Les marchés agricoles surfent aussi sur une bonne demande de maïs. « La demande de maïs, comme nous l'avons vu avec les inspections à l'exportation, a été excellente. La Chine ne va pas acheter de maïs, mais ce n'est pas un problème », estime Jack Scoville, de Price Futures Group.
En outre, « habituellement, les cours atteignent un sommet avant Thanksgiving » avant de reculer légèrement jusqu'à la fin de l'année : « les fonds retirent leur argent et se préparent pour l'année suivante », explique l'analyste qui, sauf « actualité suffisamment lourde », s'attend à ce que cette année ne déroge pas à la règle.
Du côté européen, la stabilité l'emporte. Le blé européen profite d'« une bonne demande portuaire », du Maroc, d'Égypte, mais aussi du Bangladesh ou encore de Thaïlande, indique Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage, qui relève cependant une montée de la concurrence argentine notamment.
Le continent a récolté de bons volumes mais doit faire avec l'arrivée de moissons abondantes de l'Hémisphère sud, Argentine mais aussi Australie. La concurrence du blé russe, dont le prix n'a pas baissé, pour l'instant ne joue pas trop, souligne Damien Vercambre.
L'expert constate aussi « une bonne demande » de maïs français et notamment alsacien, l'Ukraine étant pour sa part en retard sur ses récoltes, mais le grain jaune américain, attendu en abondance, devrait in fine faire pression sur les prix.
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